Mines
Retour16 avril 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
Emmanuelle Toussaint : « Nos mines sont parmi les plus vertes au monde »

©Gracieuseté.
La présidente de l’AMQ, Emmanuelle Toussaint.
La nouvelle présidente de l’Association minière du Québec (AMQ), Emmanuelle Toussaint, nous a accordé une entrevue, le 27 février dernier. Intronisée par suite du départ à la retraite de Josée Méthot, Mme Toussaint défend le respect des normes environnementales, l’acceptabilité sociale et la transition énergétique. Avec une vision ancrée dans l’évolution de l’industrie, elle insiste sur l’importance du dialogue et des innovations mises en place pour rendre l’exploitation minière plus durable.
Une transition sans bouleversement
Loin d’être une rupture stratégique, son arrivée découle d’un passage de relais bien préparé. « Josée Méthot, qui a été là pendant de nombreuses années, avait annoncé l'année passée qu'elle souhaitait prendre sa retraite. C’est dans ce contexte-là qu'il y a eu un processus pour la remplacer à la tête de l'Association minière du Québec. Ce n'était pas dans une volonté de faire un grand changement, nécessairement. »
Un secteur structuré et diversifié
L’AMQ joue un rôle essentiel dans la représentation de l’industrie. « On représente vraiment l'industrie en général. Alors, on a les mines du côté de l'exploitation. On représente vraiment les mines en activité. Ça, c'est une grande part de nos activités. Évidemment, on a aussi le volet exploration. On a également les entrepreneurs miniers, donc ceux qui soutiennent l'industrie minière, et d'autres catégories de membres, entre autres des fournisseurs. »
De fortes convictions
L’industrie minière est souvent critiquée sur le plan écologique, mais Emmanuelle Toussaint se veut rassurante. « Non seulement je pense qu'on peut exploiter des mines tout en respectant l’environnement, mais j'en suis convaincue. Nos sociétés minières sont quand même parmi les plus vertes au monde. »
Ayant travaillé dans divers secteurs industriels et manufacturiers, elle estime que l’innovation est clé : « J’ai été aussi dans le milieu manufacturier, électrification des transports, entre autres avec Prévost et Novabus. Ça m'a donné vraiment une vision globale de différentes industries et d’essayer de voir, parmi ces industries-là, quelles sont les bonnes pratiques. »
Une industrie en pleine transformation
Pour elle, l’image d’une industrie archaïque est erronée. « L'industrie minière, je pense qu'elle a un passé, et c'est ce que plusieurs personnes retiennent. Ce sont les activités antérieures qui ont pu être faites. Mais c'est une industrie qui est très vieille, qui a évolué à une très grande vitesse. »
L’innovation et la réglementation stricte sont des moteurs de cette transformation : « Au Québec, on a quand même beaucoup de réglementations en vigueur en matière environnementale. Non seulement il faut se conformer à la réglementation, mais je voyais toutes les initiatives mises de l’avant par les différentes sociétés minières pour aller au-delà de ce qui est demandé. »
Un engagement au-delà des normes
L’AMQ impose à ses membres des critères exigeants. « Une des choses qui n'est pas assez connue, c'est que lorsqu'un exploitant minier devient membre de l'Association minière du Québec, il s'engage à respecter un protocole, une norme qui s'appelle TSM, Towards Sustainable Mining. » Cette norme, d’origine canadienne, impose une série de protocoles pour garantir des pratiques minières plus durables.
Un dialogue avec les communautés
La relation avec les communautés locales et autochtones est un enjeu clé. « Ce ne sont pas des monologues, évidemment, ce sont des discussions. De vraiment pouvoir exposer des points de vue, des priorités, des enjeux et de connaître aussi, de la part de nos vis-à-vis qu'on rencontre, c'est quoi, de leur côté ? Ensuite, on peut collaborer. »
La question de l’exploration
L’avenir du secteur repose sur la capacité à découvrir de nouveaux gisements. « On sait qu'on a un beau potentiel. Mais en ce moment, si je ne me trompe pas, c'est moins de 15 % du sol qui a fait l'objet d'exploration au Québec. Alors, la majorité du territoire n'a pas été explorée encore. » Elle s’inquiète des restrictions accrues : « Moins on a accès au territoire, moins il y a de mines qui peuvent naître de ces activités d'exploration-là. »
La restauration des sites miniers
Contrairement aux idées reçues, une mine ne laisse pas un territoire à l’abandon après son exploitation. « Il y a une loi qui fait en sorte que tout nouveau projet minier doit obligatoirement prévoir un budget et un plan pour restaurer le site, même si c'est seulement dans 15 ou 20 ans. » Cette obligation s’accompagne d’une garantie financière : « Depuis 2015, il y a également des garanties financières qui doivent être données par les sociétés minières qui ouvrent des nouvelles mines. »
Une industrie stratégique pour l’avenir
L’industrie minière est au cœur des enjeux économiques et technologiques. « On en a besoin comme société ici comme ailleurs. On a besoin des métaux et des minéraux. Ça s’inscrit dans notre vie de tous les jours. » Elle insiste sur leur rôle dans la transition énergétique : « On en a besoin pour les batteries des véhicules électriques, pour les énergies renouvelables comme l'éolien ou l’énergie solaire. »
Même les mines d’or ont leur importance : « Ça ne veut pas dire qu'elles n'ont pas une utilité. Il reste qu'il y a quand même une utilité à l'or et que c'est un métal qui est très important aussi, ne serait-ce que pour l'économie. »
Un avenir sous surveillance
Les défis réglementaires et économiques restent nombreux. « Tout ce qui a été autour du projet de loi 63, il y a eu quand même beaucoup de consultations. Le processus a été long, on a eu l'occasion de déposer des mémoires. Il y a beaucoup de nos propositions qui ont été intégrées dans ledit projet de loi 63. »
L’AMQ se veut un acteur impliqué dans l'évolution de l'industrie. « Il y a beaucoup de modalités qui doivent être définies par règlement. On a très bien verbalisé l'importance d'être partie prenante dans tout le processus de rédaction des règlements. »
Un regard tourné vers l’avenir
Emmanuelle Toussaint se veut confiante quant au rôle du Québec dans l’industrie minière mondiale. « Québec et l'Ontario sont les deux plus grands producteurs à ma connaissance. Mais il y a de belles activités qui se passent dans d'autres provinces. » Son message est clair : la modernisation, l’innovation et la communication seront les piliers de l’industrie minière de demain.
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